Les confessions d'un chien de Marseille

85 : Lundi 31 mai 2021 L'été vient sans transition. Les calanques sont envahies de touristes qui marchent, footinguent, bicyclent, excursionnent. Ils arrivent avec l'accent du nord et repartent avec des coups de soleil. Ce dimanche on est allés à  Morgiou. Le parking de départ était déjà saturé à 9h30, et un garde féroce en interdisait l'entrée.  N'importe, je méprise la voiture (dont les coussins sont cependant si doux), je monte à pattes, et puis " A chien vaillant, rien d'impossible". La montée est violente jusqu'au col de Morgiou, et redescend plus fort encore jusqu'à la calanque. Heureusement, c'est l'inverse au retour, et je crois que ça repose. Morgiou regorge de chats, gras et indolents. Y'a qu'a se baisser pour en surprendre un pendant qu'il somnole. Ce serait chouette de le trainer en zigzags  par la queue et de lui faire dessiner des arabesques avec les griffes, mais Chim ne veut pas. Je le soupçonne d'être de leu

   84 : Lundi 24 mai 2021 Depuis trois jours, il fait mauvais : vent, froid et pluie. Mes balades se résument piteusement au  tour du quartier. Mon poil est détrempé et gelé. Je suis de mauvaise humeur. Chim également. On a rencontré, à la balade de jeudi, un voisin qui  pose chaque fois la même question exaspérante :  De quelle race est votre chien ? Est-ce qu'il mord ?  Chim a horreur qu'on demande ma race. Il voit en moi mon côté unique et non  l'exemplaire répétitif  et banalisé d'une race, sorte de produit d'épicerie en somme. Il répond :  Oui il mord. Il est méchant et très féroce. Particulièrement avec les emm..deurs. Quant à sa race c'est.. c'est.. c'est un Ligondin du Pérou ... Le voisin est interloqué :  Je ne connaissais pas cette race,  dit-t-il en se reculant avec prudence...   Moi non plus  grommelle mon maître dans sa barbe . L'affaire se serait arrêtée là. Mais ce matin, le mauvais temps persistant, on fait encore le tour du quartier,

   83 : Lundi 17 mai 2021 Jeudi dernier, j'ai visité la prison des Baumettes. De long en large, et surtout de haut en bas. Enfin, c'est rien qu'avec les yeux que je l'ai parcourue, depuis un observatoire haut perché.                                                                  Je revenais, mon maître et moi, de la calanque de Sormiou. Les hasards de l'exploration nous avaient entrainés sur des sentiers hasardeux et abrupts.  Soudain, au détour  d'un rocher  on s'est retrouvé, face à l'Est,  au dessus de la prison des Baumettes.  Les Baumettes ! Jugez de mon étonnement !!!  Enfin, non, ne jugez pas. il ne faut pas évoquer de jugement près d'une prison. Pendant que Chim prenait la photo (ci-dessus), étonné, j'observais cet univers minéral.                D'ici je voyais tout : les cellules, les terrains de sports, les parties administratives, le réfectoire, les circulations, les tours de guet.  De mon rocher j'aurais pu échanger des si

  82 : Lundi 10 mai 2021 Les grandes manoeuvres avant Compostelle continuent.  Voilà l a dernière invention de Chim : après les Baumettes, on prend à gauche le boulevard Louis Marion (courte impasse que les Marseillais appellent boulevard ). Au bout, après la barrière, démarre une bonne grimpette  de 20 minutes :   " c'est un chemin montant, rocailleux, malaisé ....  et de tous les côtés au soleil exposé  "  ... qui abouti à un chemin du feu que l'on prend à gauche et qui grimpe encore, mais moins fort, pendant 25 minutes. C'est merveilleux, quelle vue ! On passe le Col de Morgiou et on atteint , en marchant encore longtemps, les hauts de Luminy. On descend, on arrive en bas jusqu'à la Seigneurie, c'est long mais super. Mais la suite est fastidieuse : il faut suivre la route jusqu'à la prison (sans passer par la case "départ"), longer les interminables murs carcéraux et retrouver, loin après, la voiture surchauffée qui attend.  Neuf kilomètre

   8I : Lundi 3 mai 2021 Vous en avez ras les coussinets de mes longues description de balades ? Aujourd'hui, ça va changer : c'est pas une balade qu'on a faite, mais presqu'une randonnée, avec un côté tre kking. J'explique :  Chim s'entraine pour aller, comme il le fait tous les ans, vers Compostelle.                J'approuve la dévotion de certains humains pour les vieux os comme ceux de St. Jacques, mais  pourquoi tant marcher si, au bout, on n'a même pas droit de goûter aux os (pas même un bout de tibia, pas même un orteil). Marcher, oui, je comprends, mais où est la récompense au bout ? Donc Chim s'entraine. On est parti de l'Ecole d'Archi à Luminy vers la calanque de Sugiton. Après 1,5 km on tourne à droite. On voit la calanque tout en bas. Magnifique, mais ça grimpe !      A l'Ecole de Commerce on a déjà fait 4 km. On traverse le  parking, on rejoint la maison de quartier, on passe derrière et on grimpe plein ouest sur la crête. A