Les confessions d'un chien de Marseille

72 : Lundi 1er Mars Ce matin Chim est occupé. Il s'enferme dans son atelier pour faire je ne sais quel bricolage de nain. Je crois qu'il s'agit d'ajuster une étagère, car il me dit  " Aujourd'hui je dois  finir une planche " avant de me fermer la porte sur la truffe.  Je l'espionne sous la porte. Il est là, le dos tourné, assis sans bouger. On dirait qu'il écrit.                                                                                    Est-ce cela, le bricolage, pour les humains ? Je me rabats sur Claire, qui elle semble avoir pitié de moi et qui me dit : " Viens, tu va faire des courses avec moi ". La course ! Oui, on va courir ! Alors là, je suis à mon affaire !  La vitesse, je connais. Sans mentir, je bats les caniches et même les bassets. J'ai le record du triple saut avec côtelette volée dans la gueule . Je suis en plus champion de saut en hauteur  de franchissement de clôture, et de saut en profondeur pour atterrir de

71 : Lundi 22 Lévrier Moi, Cad (chien), Chim (homme-maître) et Tim (petit-fils de maître ... mais pour nous-autres chiens ces notions de filiations ne veulent pas dire grand chose), nous avons fait une balade dans le parc de la Campagne Berger (9ème). Depuis le bd. de Ste Marguerite, on suit l'avenue de la Campagne Berger  jusqu'au bout. Quand il n'y plus de route, on se gare comme on peut car il n'y a pas non plus de parking. Au départ l'odeur de romarin nous accueille. On perçoit loin, haut à gauche, une croix presque inaccessible. Mais on lui tourne le dos car le chemin va vers la droite par des virages serrés.   On arrive plus haut à un tas de pierres (cairn). On peut soit redescendre doucement à droite soit prendre un sentier qui grimpe à déssabotter une chèvre corse  (excusez le néologisme)  et qui monte raide vers des ruines perchées.   Là j'ai  trouvé  un bel insecte noir et chitineux, craquant à tous les   sens du terme, mais peu nourrissant. J'ai a

  70 : Lundi 15 Lévrier      Cette nuit il a plu si fort que le matin tous les fox à poils durs de Marseille étaient frisés.       Mais quand j'ai ouvert la porte de la rue  le ciel était tout clair, lumineux, et Marseille semblait toute propre (enfin, n'exagérons rien ! ). On est allé courir sur la plage, celle de Bonneveine, située entre le David et la niche où j'habite. Belle plage de sable et de gazon, d'un km. de long, facile d'accès et pleine de places de parking.       Un banc de mouettes était posé sur le rivage, rangées comme un semis de radis, et attendant que la vague  leur apporte quelque immonde proie marinée. Je hais les mouettes. En courant, je les ai fait fuir comme si je fendais une mer de plumes. Elles ont eu tellement peur que je crois qu'elles ont quitté le département.      Sur la plage dévastée par la pluie il restait encore d'énormes flaques, larges comme des lacs et très profondes. C'est à peine si j'avais pied, c'est tout

69 : Lundi 8 Lévrier Dans mon dernier blog, Chim dit que je mange les lézards. C'est pas vrai. D'abord c'est une proie  indigne d'un grand chasseur ( et puis surtout ils sont trop rapides, je ne peux pas les attraper ).  C'est tout  juste si j'arrive à poser ma patte sur les plus lents pour qu'ils se tiennent  tranquille car j'aime que ma nourriture soit immobile avant consommation.  Et à ma grande surprise, ils se coupent en deux. La partie comestible s'enfuit et il ne me reste que la queue qui a un goût de vieille ficelle bouillie, ou de chewing-gum prémâché. J'ai appris que la queue une fois coupée repousse toute seule.   Alors, la queue des lézards est comme vos cheveux, qui repoussent après le coiffeur.         En quelque sorte, je suis le coiffeur des lézards.  Ca me fait penser en même temps, que si je trouve leur portail ouvert, je fais une brève incursion dans le jardin des voisins pour  aider à couper leurs fleurs. C'est rapide et j

  68 : Lundi  1er du  mois de Lévrier Dimanche : temps splendide. On est aller se promener en voiture sur la route des Goudes.     Tout le long on longe de minuscules calanques (occitan : calanque  chemin de pierre très pentu ). Elles ont de jolis noms :  Calanque de Saména, de l’Escalette, du Mauvais pas, Calanque blanche, Calanque des trous, la Maronaise, Callelongue. Au retour, on s'est arrêté vers l'arrêt du bus 19 " Calanque Blanche", et comme la mer était forte, on s'est dirigé à pattes vers la montagne.  Nous avons tourné juste avant  l'Escalette. En grimpant, on voyait à gauche le squelette de la gigantesque usine et les déchets de plomb qu'elle a accumulés pendant près d'un siècle. Les alentours en restent encore affectés. Chim  se balade  souvent avec un ami, mais seul, il fait des croquis. C'est un moment que j'aime parce qu'alors il m'oublie complètement, et après il passe un temps fou avant que je veuille bien le laisser me