71 : Lundi 22 Lévrier

Moi, Cad (chien), Chim (homme-maître) et Tim (petit-fils de maître ... mais pour nous-autres chiens ces notions de filiations ne veulent pas dire grand chose), nous avons fait une balade dans le parc de la Campagne Berger (9ème).

Depuis le bd. de Ste Marguerite, on suit l'avenue de la Campagne Berger  jusqu'au bout. Quand il n'y plus de route, on se gare comme on peut car il n'y a pas non plus de parking.

Au départ l'odeur de romarin nous accueille. On perçoit loin, haut à gauche, une croix presque inaccessible. Mais on lui tourne le dos car le chemin va vers la droite par des virages serrés.   On arrive plus haut à un tas de pierres (cairn). On peut soit redescendre doucement à droite soit prendre un sentier qui grimpe à déssabotter une chèvre corse (excusez le néologisme) et qui monte raide vers des ruines perchées.  Là j'ai trouvé  un bel insecte noir et chitineux, craquant à tous les  sens du terme, mais peu nourrissant. J'ai aimé et mâchonné comme un chewing-gum sa carapace acide. Je cherche après chitine, chitine ô ma chitine (refrain connu).. et oui, j'ai osé. 

Une fois atteinte la ruine, gros tas de cailloux, on se trouve très au dessus  d'une carrière d'extraction de pierres. En se retournant on voit en bas le château Berger, si petit qu'on dirait la maison de Mr Seguin vue par Blanquette. On descend comme on peut, en zigzagant entre broussailles et pierrailles. Si la ligne droite est le plus court chemin d'un point à un autre, le zigzag pour un chien est résolument le plus agréable, mais il faut freiner dans les virages.       En plus, ça  permet d'égarer les prédateurs méchants qui veulent me bondir par derrière, ainsi que les lapins revanchards qui éventuellement me pisteraient pour assouvir une vengeance.

A force de descendre on atteint, très en dessous, la croix qu'on voyait  tout à l'heure si haute. 

Là, je me suis assis, en méditation. Et vous savez quoi ? J'ai médité "grave " sur la probabilité de trouver une carcasse de lièvre ou même un insecte chitineux. L'ombre de la croix me pousse à des pensées transcendantales. Par exemple à un os enterré dans mon jardin et où justement j'avais tracé une croix  parterre pour le ravoir. Au retour, est-ce que je vais le retrouver ? Je crois.... Vous voyez, je me mets à croire.

Mais à l'aller, Tim, en haut du cairn, donc plus proche du ciel que nous, ne semblait-il pas déjà en prière ? Ca m'a encouragé. Sublime dialogue de l'homme et du  ciel, unis par la prière.

Après, on a continué, avec en bas à gauche le château pour point de repère. Entre deux dérapages sur les pierrasses, on peut voir son élégant style vaguement néo-gothique (1960)

A force de descendre on a atteint un vallon ombreux et humide, et de proche en proche on s'est retrouvés dans le jardin d'une maison de retraite (les Soeurs Salésiennes), puis, un peu désorientés, dans la cour de l'école Don Bosco attenante, ce qui nous a semblé - par la grâce du destin - conclure heureusement notre périple commencé sous le sceau de l'odeur de romarin et  achevé sous celui de l'odeur de sainteté. Finalement c'est comme si on avait toujours  monté.

Mais un moment, j'ai craint, à Don Bosco, que vu mon air intelligent, ma soutane de poils noirs et ma croix blanche sur le poitrail, on ne me prenne pour un jeune curé et qu'on ne m'amène de force sous une nef obscure pour dire le latin. Cave canem !

    A Ouaouh !!!