Les confessions d'un chien de Marseille

22 : Lundi 27 janvier 2020          Ils disaient que j’ai trop grossi, qu’il faut  soigner mon addiction aux rillettes. Qu’à cinq ans j’ai l’âge de raison pour un chien.....            Il disait ceci, elle disait  cela…            Moi je disais que si la raison, c’est d’arrêter le plaisir : d’arrêter de chiper ma nourriture sur la table quand ils sont partis (ce qui la rend bien meilleure que toute pâtée officielle), d’arrêter     de sauter chez le voisin, de nager après les canards… Alors si c’est ça,     j’aime autant repartir en arrière !        Est-ce que la raison c’est  se restreindre, ne plus rien désirer (pas même un canard) ? Etre bien éduqué pour un chien est-ce rester immobile (ne plus sauter le mur du voisin) ?               Je suis passé devant un enclos près du roy d’Espagne où était écrit «  Education canine  » Funeste concept : il y a là deux mots rapprochés. D’une part «  éducation  » qui parle d’obéissance aux lois du monde des hommes et à mon Maître....

21 : Lundi 20 janvier 2020 Les statistiques montrent qu’en France   1,6  million de personnes  achète de la nourriture pour chien en boite, alors que 1,3 million préfère des barquettes, et  seulement 0, 7 million     des croquettes     ( vrai ) Et vous savez quoi ?...  Parmi les chiens,  97,3 / 100  s’en foutent royalement, mais alors force 8, avec  un  mépris royal canin  des sondages idiots.  Quant aux 2,7 / 1OO restants, ils n’ont pas été consultés : ce sont des chiens errants. En ce qui me concerne, moi, Cad, je ne suis pas compté là dedans car je ne réponds jamais aux sondages (j’ai déjà du mal à répondre quand on m’appelle) Par ailleurs, les calculatrices ont révélé que les chiens consomment dans le monde l'équivalent de 61 kilos de nourriture en une seconde (non compris quelques poules du voisin,  les rats et les lézards capturés)....  ç a, c’est mon rêve : être capable d’avaler  61 kg de bidoche en une seconde. Puis après, aller faire la sieste sur mon coussi

20 : Lundi 13 janvier 2020 Ce matin, j’ai eu très peur. Je vagabondais sous la garrigue, dans les sentiers haut-perchés de Marseilleveyre.  J’avais soigneusement rangé mon maître sur un chemin balisé où il ne pouvait pas se perdre.   Bref j’étais heureux, détendu. Je suivais vaguement l’odeur d’un lapin qui lui-même sentait le thym (je les aime, ceux-là : on a l’impression de croquer dans un bouquet d’herbes de Provence). Un sentier, c’est fait pour sentir, non ? Soudain, tout prés de moi, derrière le tronc d’un chêne, j’entendis une voix   qui     murmurait  «  Oui, je suis ton lapin, je suis ton lapin !  »   Je frémis, imaginant le spectre d’une de mes victimes : un Géant des Flandres, yeux rougis, lèvres troussées sur des incisives tranchantes,  glaive en patte.......  La terreur me fit faire un bond en avant ! Une dame était assise contre le tronc. Elle tenait en main cette étrange boite qui fait parler les humains et qu’ils appellent «  un portable  » La dame

19  :  Lundi 6 Janvier 2020     Aujourd’hui est un déplorable anniversaire..  C’était l’année dernière – pile poil, comme on dit chez nous les chiens – et la journée s’annonçait sous les meilleurs auspices.  C’était l’anniversaire de ma maîtresse.      Elle avait posé sur la table, sans surveillance, un pot de rillettes format familial, destiné à faire des petits toasts pour de nombreux convives. Un magnifique pot Bordeau-Chiénel.   Quatre-cents grammes ! Sans surveillance !! Un format familial, et justement  j'appartiens à cette famille-là. J’avais donc dessus des parts d’actionnaire.. En un rien de temps j’étais sur la table. En un autre rien de temps j’en redescendais avec le pot dans la gueule. En un troisième rien de temps, j’avais désoperculé le pot (habilement), lèché la délicieuse graisse blanche (gloutonnement) englouti les 400 g. de rillettes (dûment), lèché le papier argenté (soigneusement).  Et en un dernier rien de temps, j’allais enterrer les dépouilles o