Les confessions d'un chien de Marseille

31 : Lundi 30 mars 2020        La plage était interdite, maintenant ce sont les parcs de  Marseille !   Les humains n’osent plus se croiser. Ils s’évitent et portent des masques comme s’ils n’osaient pas se respirer mutuellement.                                     Vous nous imaginez avec des masques  comme eux  ?                                     Quoi que ça aurait un petit côté bayadère coquin, hé hé ! Ce matin, j’ai parcouru les rues puisque les lieux publics sont verboten.  Au retour, Claire, qui était en haut, a crié à Chim qu’elle avait laissé mon repas sur la paillasse de la cuisine. V ous connaissez Chim. Rien dans la tête. C’est comme ça qu’il m’a donné ce que Claire préparait pour midi : des tomates farcies. J’ai vite englouti 3 steaks hachés et une saucisse malaxés avec de la mie de pain avant qu’elle ne descende.           C’est marrant : par moment les humaines arrivent à aboyer aussi bien que nous.                         

30 : Lundi 22 mars 2020       Vous êtes confinés, sans pouvoir sortir ? La plage est interdite ? Qu’importe ! …. L’œuvre au noir, qui consiste à obtenir une peau uniformément  bronzée grâce aux effets conjugués du soleil et d’une immobilité totale, peut se pratiquer chez soi !!!  Phase 1   :  8 heures du matin (ou du mâtin) Choisir un coin tranquille plein de coussins.  S’y coucher. Attendre                                                                                                                                                                                                                                                Phase 2  : dure de  9 heures à midi Attendre que le soleil se lève.  Laisser pendre la tête, afin de mieux  bronzer le dos et les flancs.                                                                             Phase 3  Elle dure tout l’après-midi :  Il s’agit de bronzer le ventre.            

29 : Lundi 15 mars 2020        Jadis, il y a bien longtemps - c’était jeudi dernier je crois  - je suis allé de nouveau dans ce quartier marseillais au nom prédestiné :  « le Cabot ». Oui, j’ai écrit  "jadis " car pour nous, chiens, tout ce qui est passé est déjà lointain. Nous vivons au présent immédiat.        On a visité la Campagne Berger ( pour les Parisiens, comme Henry, une Campagne est une vaste propriété arborée, avec un château appelé bastide qui lui donne son nom et où les bourgeois huppés de Marseille venaient se délasser, faire des fêtes, lutiner les belles dames, chasser  et recevoir des amis triés sur le volet ).      Au passage, vous avez déjà essayé de trier quelque chose sur un volet, surtout  persienné  ? par exemple des lentilles ? Eh bien, on en perd beaucoup !      Perpendiculaire au Boulevard du Cabot, l’Avenue de la Campagne Berger conduit, après 800 mètres tortueux, à  la Bastide  ( A la Bastide, on aime bien Nini Peau d’ Chien, p

28 : Lundi 9 mars 2020 J’ai visité le parc de la Mathilde (dans le 9 ème )  Il est excellent pour un chien. Grand de trois hectares. Pas de monument classé, donc pas de cerbère (Cerbère était un chien, un traitre, qui s’était fait l’ami des hommes pour interdire l’accès de leur cimetière enterré  - les enfers - aux autres chiens, sans doute pour en défendre les ossements). Pas de Cerbère donc personne pour vous déloger à coups de balais quand on fait pipi contre des murs protégés. Deux accès, cependant, pour s’enfuir par prudence : l’un vers le Cabot (normal !!!), l’autre vers le Chemin de la Colline St Joseph. J’y ai trouvé, soigneusement enterré un os, tout pourri, qu’un congénère avait entreposé là pour ses vieux jours. Délectable, rond en bouche, avec un arome de fruit rouge lui aussi tout pourri.  Chim m’a ordonné de le laisser en disant qu’il puait. En fait d’odeur les humains sont des barbares. Je leur laisse l’oeunologie, moi, qu’ils nous laissent la nonoslogie !

27 : Lundi 1 mars 2020 Chim m’a amené en voiture à Luminy. Il m’a attaché à l’arrière et a mis sa ceinture. J’aboie pour qu’il me délivre, mais il ne peut pas car il est attaché. Ca fait qu’on est tout les deux emprisonnés. Les humains sont compliqués. Nous pour courir on fait moins de manières. Au retour, on a vu notre voisin qui partait au ski. J e ne peux pas croire que pour avancer dans la neige les humains chaussent ces espèces de trucs en forme de gondole. Ils ne peuvent pas marcher avec ça parce que ça les freine, alors  pour compenser ils sont obligés de se pousser avec des bâtons.   Les humains sont compliqués. Comment ils font pour sauter, avec ça au pieds ?                                              En plus, je serais ridicule avec des gondoles aux pattes C'est difficile de se déplacer en compagnie des les humains :  en voiture  on m’enchaîne cruellement, en ski j’ai l’air d’un clown des neiges . Et à vélo, voyez comme un de mes confrères s’est vu in