68 : Lundi 1er du mois de Lévrier
Dimanche : temps splendide. On est aller se promener en voiture sur la route des Goudes. Tout le long on longe de minuscules calanques (occitan : calanque chemin de pierre très pentu). Elles ont de jolis noms : Calanque de Saména, de l’Escalette, du Mauvais pas, Calanque blanche, Calanque des trous, la Maronaise, Callelongue.
Au retour, on s'est arrêté vers l'arrêt du bus 19 " Calanque Blanche", et comme la mer était forte, on s'est dirigé à pattes vers la montagne. Nous avons tourné juste avant l'Escalette. En grimpant, on voyait à gauche le squelette de la gigantesque usine et les déchets de plomb qu'elle a accumulés pendant près d'un siècle. Les alentours en restent encore affectés.
Chim se balade souvent avec un ami, mais seul, il fait des croquis. C'est un moment que j'aime parce qu'alors il m'oublie complètement, et après il passe un temps fou avant que je veuille bien le laisser me retrouver. Ca me plait. Ca prouve que je suis important à ses yeux.
Ca, c'est un mauvais petit croquis qu'il a fait pour expliquer. Le machin qui rampe le long de la pente est une cheminée aménagée ainsi pour ne pas empoisonner la ville avec les vapeurs toxiques.
On laisse l'usine à gauche et on continue à monter. Après 2 virages serrés on découvre une construction étonnante : la Batterie de l'Escalette. Bâtiment militaire construit au départ pour protéger Marseille d'une escadre anglaise (séquelle de l'époque Napoléonienne) puis occupé pendant la guerre par les Italiens jusqu'en 43, puis par les Allemands qui y ont ajoutés 2 grands blockhaus et des aires pour affut de canon, des postes de tir, des réserves de munitions. Tout pour passer un week-end tranquille à l'abri des voisins.Après, en marchant sur les murets (bas) qui entourent cette ouvre colossale, on trouve, en suivant toujours à gauche, au fond, un petit sentier qui suit la falaise et redescend vers la mer. La balade est une véritable splendeur. Tout y est paisible, beau, ensoleillé, entre blocs calcaires et lézards croquants, pins et écureuils imprenables, myrtes et genets, lapins gavés de romarin. Le massif des calanques, quoi. Petit paradis toujours renouvelé.
Et oui, c'est merveilleux. Alors pourquoi les humains que vous êtes sont ils allés construire là une usine de plomb pour empoisonner la ville de déchets toxiques (enterrés aujourd'hui, invisibles mais existants) ? Pourquoi, dés sa fermeture, ont ils aménagés des fortifications pour envoyer tout plein de plomb sur la tête des gens ? Est-ce qu'ils ont trouvé là, dans une absurde alchimie, la meilleurs façon de réaliser le cycle du plomb, depuis son extraction, son raffinage, son façonnage en projectiles divers, puis son expédition dans la gueule des autres (chez moi, le mot gueule n'est pas grossier !). Autres, présumés tous comme ennemis.
J'ai peur, parfois, de vivre à vos côtés, les humains ! (sauf à côté de Toi, mon bon Maître !)
Peut-être avez-vous par erreur associé Escalette et Escopette ? Et confondu batterie militaire avec batterie d'allégresse ? Quand aurez-vous du plomb dans la cervelle ?
Malgré tout, on est repartis tous deux vers midi, titubant de soleil et d'odeur du serpolet. Retour à la niche, Claire avait fait un lapereau au romarin. J'en aurai ma part.
Certains humains, et c'est heureux, peuvent encore associer l’heure de l’apéro et l’heure du lapereau.
A Ouaouh !!!
C'est assez troublant de voir à quel point les vestiges de guerre, les usines désaffectées ou les maisons n'abritant plus aucune vie, peuvent, dans le silence et la beauté de la nature, initier nostalgie et poésie.... Que ces quelques considérations philosophique ne t'éloignent pas, mon cher Cad, du plaisir simple, tout aussi respectable et nécessaire au bien vivre, de la dégustation d'un lapereau au romarin !
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