109 : Lundi 15 novembre 2021

Mercredi-pluie. Les petites-filles de mon maître sont à la maison. Elles jouent à me tirer la queue, à me mettre des rubans, à m'enfiler un pull trop grand pour moi. Ah, qu'elles s'amusent bien!  
Mais ma revanche approche : maintenant elles jouent au Monopoly (ça consiste à placer sur un carton des niches en bois nommées hôtels). Les niches, comestibles, ont un goût de vernis enrichi par celui de la vengeance.  Ah, que je m'amuse bien ! Je m'enfuis sans passer par la case départ et réfugié sous la table, je ronge, tranquille, un hôtel rue de la Paix.  

Jeudi 11 novembre. Date sacrée pour les humains de mon pays. Je me pose une question : pourquoi avant les guerres y-a-t-il tant de chants exaltant la joie du départ, et si peu de chants concernant le retour. Peut-être ne sont-ils plus assez nombreux pour chanter ? Ou bien la joie est-elle passée ?  L'enthousiasme est une chose fragile.

Vendredi : temps splendide. Les chemins d'après-pluie sont tout neufs : c'est donc avec une gaieté renouvelée que je refais le chemin qui va d'Emmaüs au Leclerc.  La pluie, qui a tout lessivé, a remis à zéro toutes les anciennes odeurs. Au passage, je renourris mes vieux repères olfactifs d'une signature généreuse et dynamique, propre (si l'on peut dire) à remettre du baume au nez à tous les chiens qui vont me succéder, au pied levé. 

Dimanche : promenade sur la plage  du Prado. Il y a plein de joyeux pétanqueurs. J'entends des cris : il parait qu'un cochonnet aurait dépassé les limites permise du lancer. D'un bond je repère le fugitif, d'un autre bond je le saisi (tel James bond) et je pars le déguster plus loin.  Eh bien, je vous le dis : si dans le cochon tout est bon, c'est pas pareil pour le cochonnet qui lui est tout ligneux. Les pétanqueurs semblent d'un coup moins joyeux que tout à l'heure. Et même ils me crient des choses mettant en doute la bienséance des moeurs de mes ancêtres. Alors dites-vous bien une chose, les Humains : nous, ces choses là dont vous parlez, on-s'en-fiche. Que nos ancêtres les aient faites c'est sûr, et moi même je les ai faites de mon vivant, et je recommencerai tant que je pourrai. Ce ne sont donc pas des injures qu'on m'adresse mais des faits réels qu'on constate, ce dont nous, Chiens, race désinhibée et insouciante, nous nous enorgueillissons comme d'une manifestation de notre vie libre et de bonnes moeurs selon nos critères.


A Ouaouh !!!




Commentaires

  1. Cad, c'est bien de manger des fibres mais point trop n'en faut.

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  2. Les fibres optiques conduisent la lumière, celles du cochon conduisent le cholestérol, quant à celles du cochonnet elles semblent conduire un vocabulaire fleuri qui ne peut signifier grand chose pour toi, Cad.

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