101 : Lundi 20 septembre 2021

Après un long voyage de la Pointe Rouge à Luminy sur mon brick trois-mats Peugeot (un long brick qui peu pénétrer très profond dans les terres inexplorées), arrivons au large de l'ile de Kedge.  Le port, que les sauvages dans leur jargon appellent parking, se situe vers les tennis,  au croisement de la rue Henri Cochet et Antoine Bourdelle (des noms d'explorateurs ?)

Débarquons, seulement armés d'une bouteille d'eau et de quelques croquettes. Un sentier se profile devant nous. Prenons celui de droite, puis tout de suite à gauche, vers le nord. L'aventure est là, avec sa forêt impénétrable (pinus vulgaris ), ses indigènes cruels (les Provençalous) et sa faune impitoyable (moscas voracissimus) Dans un fourré proche un rhinocéros éternue (race probable diagnostiquée : rhino-pharyngite). Les mouches nous harcèlent. Température 30°. 

Premier 1/4 heure. Croisons indigène bariolé, vêtu (en dialecte local) d'un short bleu et polo vert. Les couleurs de la tribu peut-être ? Il tient collé contre sa joue une boucle d'oreille-totem auquel il semble s'adresser. Déchiffrons mal dialecte, seulement la divinité invoquée. C'est AlojéKoute.

1/2 heure : Sommes en vue pyramide primitive de pierres nommée Cairn par indigènes. Quels sauvages ! Adorer des fétiches ! Pour leur apprendre, je fais pipi dessus.  Peu importe si quelqu'un m'espionne : il faut leur apprendre la civilisation et à ne pas faire pipi n'importe où. 

3/4 d'heure. Sommes importunés par mouches. Soudain croisons 2 guerriers bronzés courant, fuyant sans doute d'obscures escarmouches tribales (escarmouche : nom local signalant la présence de mouches ? Nous notons cela pour faire notre rapport à l'Académie des Sciences).  Ils portent un pagne élémentaire appelé ici T-shirt. Remarquons que l'un d'eux est marqué           " Club sportif de Bonneveine ", sans doute volé à un infortuné explorateur, maintenant dévoré.

1 heure : Finissons ce qu'il nous reste de croquettes plus 1/2 gobelet eau tièdasse. Dieu, que notre vie semble précaire (je fais allusion au seul dieu véritable, le leur n'étant qu'idole infantile). Croisons individu avec chapeau sur la tète. Mister Livingstone y presume ? I'm Cad, Cad of the Red Point... Le sauvage me fixe : Hé bê, qui vous êtes ? Vous n'êtes pas d'ici.... Je ne comprends rien de ses borborygmes primitifs. Je suppose que j'ai devant moi un sauvage imitant, avec son chapeau sur la tête, notre chère civilisation ?

1 heure 1/4 : Le sentier descend en zigzags. Arrivons vers Vallon de Vaufrège, que nous avions franchi à l'aller. Il semble ici y avoir un attroupement rituel de pirogues, qui sont là immobiles. Les autochtones appellent cette cérémonie un encombrement. Certains expriment leur joie par des chants (appelés blancos spirituals). Quelques paroles rauques nous parviennent, simples et belles  : " Avanc'  donk, pignouf  ", " Bouj' ton char, hé, igname " (ou patate, j'ai mal entendu).

On débouche au niveau du n°30, route Léon Lachamp (route de Cassis), par un accès qui est tellement caché de la route que Chim est passé devant pendant 20 ans en allant à Luminy sans le voir. Puis après, on a fait demi-tour par la même route jusqu'à mon brick, qu'aucun autochtone n'a dérobé. On sait jamais, avec eu ! Total de cette balade très facile, à peine 5,5 km.

Le retour à la bonne vieille civilisation est un délice : je retrouve la circulation sur la Corniche, bloquée comme d'habitude. Le  bruit, l'odeur des voitures et mon oxyde de carbone familier. Arrivé, je plonge dans ma niche qui est creuse comme une rassurante pirogue.Quelle aventure ! 

    A Ouaouh !!!