86 : Lundi 7 juin 2021

Je sens, à une certaine fébrilité, que mon maître va partir. Il me parle avec une gentillesse accrue, il me gave de petites croquettes hors repas, ce qui loin de me réjouir (enfin, un peu, quand même) avive mon inquiétude. Ca me fait penser à ces  cadeaux suspects que les maris infidèles font à leur femme parce qu'ils ont mauvaise conscience (c'est ma tante, gardienne chez un psychologue, qui m'a expliqué ça). Les chiens sont plus francs, eux, ils n'offrent rien.

Bref, Chim va partir. Comme tous les ans. Il va se mettre sur le dos son sac ridicule, ses lourdes godasses, ses chaussettes blanches qui grimpent en accordéon le long de ses mollets, son short à l'ancienne, et pour se propulser il va prendre deux bâtons qui ressemblent à des piquets de tente. Finalement je préfère ne pas partir avec lui : je marche mal avec deux bâtons.

Son départ me rend très triste. Que voulez-vous, je ne suis qu'un chien. Il s'en aperçoit et ça le rend triste à son tour. C'est bien fait pour lui. Que ça lui gâche son plaisir de partir.

Je vais peut-être aller l'attendre au bord du chemin pour rendre la séparation plus dramatique. Oui, c'est ça, que ma dernière image l'accompagne partout, comme un remord ambulant.

En attendant, pour me consoler, je suis allé voler une fraise tagada dans un paquet qu'ils avaient planqué. Ca va déjà mieux. Je conclue de cette expérience qu'on peut conjuguer le plus profond des désespoirs et la sucrerie tagada. 

    A Ouaouh !!!

Chim m'a promis qu'il n'interrompra pas ses blogs, qu'il m'enverra tous les lundi

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