79 : Lundi 19 Avril

   Vous voulez que vous raconte l'exploit que j'ai fait pour les beaux yeux d'une chienne ?             Bon, OK.

     Voilà : la balade avait commencé calmement sur le parking du Décathlon du Roy d'Espagne.   En haut du parking partent deux sentiers. L'un au sud-est  vers le Parc des Calanques. L'autre à l'ouest vers la ferme pédagogique d'où venait, portée par le vent, l'odeur irrésistible d'une femelle très attractive que j'ai déjà croisée plusieurs fois. C'est une jeune chienne aux yeux limpides, aux flancs palpitants comme un pigeon essoufflé, aux dents perles-de-nacre, et , et ...      J'arrête, je  deviens lyrique quand je pense à elle ! Je devrais être sourd à de pareilles tentations (Chim m'appelle son Fidèle Castré, je ne sais pas pourquoi ça fait rire les gens, mais ça me vexe car je ne comprends pas pourquoi on rit )

J'ai entrainé Chim vers la belle qui glapissait à mon approche. Entre son jardin (elle habite la ferme pédagogique) et moi, il y a un mur de 2 mètres de haut surmonté d'un grillage.  Mais j'ai depuis longtemps repéré un pin dont le tronc incliné se rapproche du mur. J'ai gravi le tronc avec mes griffes, rampé le long d'une grosse branche, et sauté au péril de ma vie sur l'étroite corniche de 15 cm. entre le haut du mur et le pied du grillage. Ce qui m'a obligé de sauter en biais, tout en  évitant les tessons de verre dont le haut du mur est constellé. Qu'importe, comme dit Chim, un verre n'a jamais fait mal à personne. 

Le belle m'attendait en bas, côté ferme, fascinée.  Mais hélas, le grillage n'avait aucun défaut, et j'ai fait inutilement des aller-retours en haut du mur, coeur battant, mordant les barreaux, tout en évitant les tessons de bouteille acérés, sans découvrir le moindre trou pour pouvoir sauter de l'autre côté,  tel SuperDog.

    " Que dites-vous ? C'est inutile ? Je le sais !

    Mais on ne se bat pas dans l'espoir du succès.

    Non, non, c'est bien plus beau lorsque c'est inutile !

    Et être  Super Dog, c'est pas toujours facile. "

Extrait de Cyrano de Bergerac pour les 3 premiers vers... le dernier vers est de moi, Cad

Je suis redescendu, dépité. Chim avait l'air presque aussi peiné que moi. Entre mecs.... Il a ajouté comme pour me consoler que ce qui m'arrivait s'appelait  " prendre un rateau " et que c'était chose habituelle dans une ferme, quand bien même serait-elle pédagogique.

Du coup, discrètement, j'ose dire la queue basse, nous avons pris tout de suite un sentier dérobé qui rejoint la rue Floralia. Après 200 m nous avons coupé la rue Jules Rimet et au bout, nous  avons pris à gauche et nous sommes revenus à notre point de départ. Au passage, nous avons longé en sens inverse, la ferme pédagogique, mais la belle était partie. Ingrate ! 

Au retour, on a croisé un étrange monument. Cinq  mètres  de haut. ll s'agit d'un ex-voto édifié en 1861. Chacun sait qu'un ex voto, et tout cas mon ami Wiki le sait lui, est une offrande (objet, bijou, tableau, sculpture, ici un monument) faite à un dieu en remerciement pour un vœu qui a été heureusement exhaussé. C'était l'époque où Marseille découvrait le style "rocaille"  (béton imitant des rochers, des branches, des feuillages, etc...) importé par les nombreux maçons italiens qui y travaillaient. Ce petit mausolée est le témoin d'un art disparu, et qu'il faut sauver (on en trouve des exemples sur la corniche, au niveau du Roucas Blanc)

Ex Voto ? Hélas, mon voeu à moi n'a pas été exhaussé.

Mais, foi de Jagd Terrier, je reviendrai.

Sur le fronton, il y a un nom que vous pouvez peut-être déchiffrer : Ane. Blanc. On dit que c'est l'auteur, Antoine blanc. Mais moi, je suis sûr que c'est le nom de la chienne que j'aime : Annelyse Blanchette Tachetée du Dos, du Domaine Royal de la Ferme Rocaille.

A Ouaouh !!!