65 : Lundi 11 janvier 2021
Il pleut. Mon maître, qui craint qu'en restant confiné dans la maison je démolisse tout par des bonds désordonnés, décide de sortir quand même (d’où l’intérêt pour les chiens de savoir sauter). Il m'amène derrière le Roy d'Espagne.
Vous voyez les Tours du Roy d’Espagne au bout du Sud de Marseille, qui adossées à un massif escarpé semblent clôturer la ville ? Hé bien derrière la tour Un, on peu découvrir (pour un chien observateur) un passage vaguement taillé dans la falaise, avec quelques marches par ci-par là entre les rochers et les arbrisseaux. Et ça monte, croyez moi !
Il faut faire très attention parce que ça glisse quand il pleut. On aboutit à une ligne de crête que l’on suit vers la gauche pour arriver aux citernes de pompiers, bien utiles hélas, en été. Après on peut descendre soit à l’Ouest vers Emmaüs et au lycée de Marseilleveyre (2 km.) soit à l’Est, vers Leclerc et le chemin de Sormiou (2 km.)
J’aime la petite pluie fine. Ma truffe qui palpe la terre décèle toutes les odeurs intimes de la terre mouillée que la sècheresse empêche d’exprimer : escargot qui semblait momifié et qui maintenant se déploie, odeur de racines, de feuilles de chênes kermès accomplissant leur cycle de fermentation, odeur d’humus, de calcaire mouillé, de flaques boueuses. Et jusqu’à l’odeur des semelles de mon maître qui marche devant moi en montant le long de la falaise, car j’ai le nez rivé à ses chaussures pour ne pas me perdre.
Hé oui, même l’odeur des pieds du Maître, ça me concerne. Vous, quand vous regardez une statue de César (je pense à mon ami Amar, qui aime poser en majesté sur les rochers) vous regardez le visage, la noblesse des traits, l’expression du regard, le port altier de la couronne. Moi je regarde les pieds. Je les sens. Je connais d’un coup de truffe celui qui vient de loin, celui qui a marché dans la poussière (ou autre chose), celui qui fréquente plus les salles de sport que les salles de bain… Question d’altitude des yeux. En fait, je suis au ras des pâquerettes, ce qui me fait voir de près la vie des odeurs, la vie réelle de la terre et des gens.
Parce que je suis un chien de chasse.
A Ouaouh !!!
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RépondreSupprimerTu as raison ! Le pied est un membre important pour la communauté humaine. En témoignent le pédalier (pattalier) et le pédalo (pattalo) qui ont permis, depuis la nuit des temps, à ce bipède (demi quadrupatte) d'explorer la géographie du monde...bref de prendre son pied comme tu prends peut être parfois ta patte !
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