57 : Lundi  16 novembre 2020

Ces temps-ci, pour sortir de chez soi, il faut remplir une attestation précisant où et quand aura lieu  le délit  de promenade. C’est Chim qui rédige le questionnaire à ma place, car les humains ne comprennent pas mon écriture....  Tenez, par exemple, avant-hier, j’ai écrit sur les carreaux du salon « Quand est-ce qu’on mange ? "  J’étais assez content du modelé et de l'élégance de mon graphisme, comme on le voit sur la photo ci-dessous.


Et bien, croyez-le ou non, je me suis fait gronder par Claire !  Avais-je oublié la formule de politesse ? La prochaine fois, je mettrai un texte plus long et plus explicite.

Revenons à nos moutons (j'aime ça, moi, revenir aux moutons). 

Sur l'attestation je dois cocher successivement les cases suivantes :   

« Est-ce que vous promenez un humain de compagnie ? » OUI  

« Peut-il être dangereux ? » BIEN SUR, " il peut "  être dangereux si je lui vole ses stylos. Mais la rapidité de sa gifle étant inférieure à ma science de l’esquive, on peut dire qu’il n’est pas réellement dangereux. D’ailleurs, il devient vaguement végétarien, c'est tout dire. 

« Etes vous à moins d’une heure de votre niche ? " Vous savez quo ?  je cours à presque  30 km-heure, alors, je pourrais aller nager à Sormiou et revenir si je voulais, dans les délais impartis.  Ainsi, la question est sans objet.  

Je  précise que je ne risque rien côté attestation, puisque c’est Chim qui est seul responsable. 

 

Hier matin donc,  après m'être nanti de l'attestation dûment remplie,  attaché mon maître à mon cou par une laisse, vérifié si j'ai bien pris un sachet de récompenses-croquettes (il est presque intact car je ne suis que rarement récompensé ! ), je suis allé vers la Pointe rouge, parce que Chim, légaliste à tout crin, respecte ce qui est écrit sur l’attestation : pas plus d'un km de rayon autour de la niche. 

Au port, Il s’est assis, et a lu pendant ½ heure, puis a levé la tête et m’a cherché. J’était loin, à plus de 400 mètres. Je l'entendais siffler, (il siffle pour m'appeler) mais j'étais trop occupé à nager, dans une petite crique dérobée au regard des profanes.  


 Nager pour moi, c'est un sacerdoce : je vais au large, et effectue des va-et viens parallèles à la côte, avec le sérieux et la conviction d’un petit remorqueur.  Ce n'est ni un amusement ni un sport.  C’est pour moi un acte grave d’ordre spirituel. 

Les gens s'arrêtent et m'applaudissent (j'aime ça aussi être applaudi, presqu'autant que les moutons). Mais quand Chim arrive, ça brise l'enchantement d'une démarche sacrée, ça me fait choir dans le monde d'en bas et ça me fait brusquement honte d'être découvert en pleine zénitude.  Alors je reviens très vite me cacher dans les rochers. Après, Chim me recherche encore dans les rochers, et  recommence à siffler. 

Finalement je me suis laissé reprendre, et on est rentré à la niche. Mais il se pose beaucoup de questions sur ma façon de pratiquer la natation. Que lui dire ? Que j'avais peut-être un ancêtre chien tibétain, épris de philosophie natatoire et transcendantale ? Il faut tout lui expliquer

 

L’après midi, je l’ai passée à récupérer.


 

D'abord j'ai longuement bronzé mon ventre en l'offrant au soleil, étendu sur le dos et pattes en l'air   Il me demande " Tu dors ? ". Non, je ne DORS pas : je DORE. Il faut tout lui expliquer.


Pour finir,  je me  love dans mon panier. Oui, je me  LOVE, comme un chat,  je n’ai pas honte. Il me demande : " Tu dors en boule ? " . NO,  I LOVE ME !  Il faut tout lui expliquer.


Pour me tirer du sommeil, vers l'heure sempiternelle de ma soupe du soir,  il suffit que je compte des moutons. J'aime bien les moutons, ça me met en appétit et aussitôt je saute de la corbeille. 


                        A Ouaouh !!!


                



 


 


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