16 : Dans la nuit du mardi au mercredi 25 décembre 2019

Onze heures : J’attends… ça y est, ils ont fini de manger. Ils se lèvent lourdement de table... Ils ont l’air fatigués, presque malades : ils appellent ça des reveillons : je suppose que c’est une maladie, comme les oreillons. Ils vont coucher les enfants qui semblent les premiers atteints.

Onze heures et demie :  j’attends… . Les enfants dorment et donc oublient de me tourmenter. Ils ont mis leurs chaussettes devant la cheminée… Moi je garde les miennes : elles sont indélébiles.   Les parents silencieusement disposent des cadeaux. Je renifle. Rien de comestible dans ces paquets inertes.…  Mais je n’attends pas les mêmes cadeaux que les enfants. Patience…. j’attends

Minuit moins dix … J’attends …. L’arbre de noël clignote et projette  une lumière  d’un satanisme intermittent… Mon ombre agrandie semble outre-noir (ce qui ne soulage pas mon inquiétude, bien au contraire). Outre-noir… outre- tombe… J'attends.

Minuit moins cinq… j’attends toujours….. L’ombre des branches du sapin plaque aux murs des milliers de poignards. Je mesure  avec acuité le sens profond du mot aiguille, comme dirait, si je ne m’abuse, le fameux docteur ?  Mon maître est venu, silencieux comme un spectre, il veille lui aussi, il attend avec moi…. quelque chose va se passer… l'imminence fait clignoter  l'espace : silence, obscurité … silence, lumière ... silence, obscurité...  rien ne bouge, sauf les ombres qui rampent.                                 


Minuit !!!!!!  Ca y’est, quelque chose a bougé ! c'est dans ma gorge : je peux parler, je peux parler, je peux parler, je parle !!!  C'était ça le miracle... 
      Minuit, les chiens, c’est l’heure solennelle,   celle où les animaux parlent !
Je me tourne vers mon maître. Je le regarde dans les yeux. Je n’ai qu’un mot à lui dire, un seul, celui que j’attends de lui crier depuis un an, le plus important, celui qui scelle notre fraternité : 
        Je lui crie « Je t’aime ! »….       
...... Mais à l’heure où les animaux parlent, les humains semblent devenir sourds. Mon maître appelle ma maitresse  « Claire, dit-il, ce chien semble fatigué, tu veux bien le coucher ? »......  
    Non, je n'étais pas fatigué. Depuis, j'attends. J'attends l'an prochain.... Je suis infatigable.

A Ouaouh !

Commentaires

  1. Mon chien est athée, il ne croit plus en moi.... Cavanna, a-t-il écrit cette phrase après avoir vécu avec son compagnon à quatre pattes une aventure similaire ?

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog