13 : Lundi 9 décembre

        J’ai redécouvert le paradis. Vous qui le cherchez depuis l’aube des chiens et des hommes, je vais vous dire où il se trouve : c'est simple, il est  situé d’une part à la latitude 43  (Marseille) et d’autre part à l’attitude qui me va  bien (c'est à dire là où on est bien. ).... Il se présente sous la forme d’une ile de verdure entre des d’habitations (habitation : mot pour désigner les niches humaines)....... Il était administré aujourd’hui par Béatrice, Florent et leur chien noir. Ils ont disposé des plans de mousse pour que les chiens somnolent ou fassent du trampolino. Il y a un bar avec un thermos pour le café ou le thé, du sucre. 
        Comme je ne prends pas de café, je n’ai pas eu droit au sucre, c'est la seule imperfection que j'ai notée.

       Mais étant un Terrier, j’ai tout de suite cherché à creuser sous les clôtures pour agrandir les limites du Paradis …. C’est comme ça qu’Adam et Eve l’ont perdu....  En même temps, s’ils n’avaient pas été expulsés de l’Eden, je suis sûr qu’ils l’auraient été par les promoteurs de l’époque qui voyant des espaces verts, auraient bâti des logements-niches pour les enfants à venir.

        On a perdu le paradis pour trois raisons : 

la curiosité : mes ancêtres chiens faisaient des trous sous la clôture pour trouver l’arbre de la connaissance. Les  dieux n'ont sans doute pas beaucoup aimé qu'on agrandisse le domaine de nos connaissances.

la gourmandise : mes ancêtres ont bouffé la pomme alors qu’ils étaient carnivores, et ça leur est resté sur l’estomac. Les autorités locales ont verbalisé  : qui croque une pomme n'obtient qu'amande

 -l’avidité : les promoteurs sont arrivés pour rentabiliser les nuages, couper les pommiers, niveler les cumulus, bétonner les nimbus. Et écrire partout : « Parking interdits » et « Nuage privé : chiens interdits »
J'étais là quand il sont arrivés, et j'en suis resté tout interdit.

     Je repense aux espaces verts qui côtoient le Parc du roy d’Espagne  sur presque 2 km. et où on va bientôt faire passer la L2, cette voie dite «  de contournement ». Mais de contournement de quoi ?  : là où se rencontraient des humains pour respirer l'oxygène des arbres et l'humus, pour prendre le temps de vivre, de se promener, de se parler, de s’embrasser, de sortir le chien, toute cette richesse humaine, quoi. C'est ça qu'ils veulent contourner ? Il va y avoir à la place des voitures, des péages, des parkings et des conducteurs pour aller plus vite, se faire des queues de poissons et des gestes obscènes pour communiquer.
La vocation de l’urbanisme est de favoriser les rencontres humaines  et non celle des voitures. 
Sauf pour un carrossier. 

         Pour moi, l’arbre est essentiel : j’y retrouve à la base l’odeur joyeuse de mes congénères,  j’y déchiffre sur le tronc le traditionnel Julot aime Juliette des amants,  et dans le feuillage, je vois courir librement des écureuils.  

...........  Bientôt, quand la L2 aura détruit le dernier arbre, si je veux courir librement, vous verrez peut être mon nom dans la rubrique des chiens écrasés. Vous aurez ma peau, messieurs les promoteurs.....
                                  
                                   .... mais vous n'aurez pas ma liberté de pisser

A Ouaouh !

Commentaires

  1. Triste nouvelle pour moi que d'apprendre qu'ils vont bitumer un peu plus ce que l'on devrait préserver de la nature.
    Je n'ai pas la nostalgie du paradis, celui d'un royaume perdu, ils devaient bien s'ennuyer dans l'ambiance par trop aseptisée de ce jardin.Trop de règles et d'interdits là haut, en plus ils ont inventé la culpabilité....
    Cependant les paradis à taille humaine, dont fait partie celui dont tu parles, modestes et accueillants, me semblent être des ilots de bonheur que nous ne devrions pas négliger et encore moins détruire.... Au secours les humains sont vraiment fous !!!

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